Pourquoi le lavage funéraire (al-ghusl) ?

Comme pour chacun des aspects de la vie, l’Islam nous enseigne quel comportement l’on doit adopter avec la mort, et plus précisément, avec le défunt. Ainsi, si celui-ci n’est plus en capacité d’accomplir la moindre action dans ce bas monde, ce n’est pas le cas de son entourage musulman qui a des devoirs post mortem. Ces derniers ont en effet des obligations vis à vis de celui ou celle qui a quitté cette vie, il s’agit d’obligations communautaires (fard al-kifâya), c’est à dire que si un ou plusieurs membres de la communauté s’en charge, le reste en est exempt. En revanche, si personne ne s’en acquitte, c’est l’ensemble des musulmans qui en porte la responsabilité.

Parmi ces obligations, selon l’unanimité des savants comme l’a rapporté l’imâm an-Nawawî, le fait de laver le défunt après sa mort. Il a en effet été rapporté par Ubay Ibnu ka’b, que le Prophète a dit :

« Lorsque dam est mort, les anges l’ont lavé en nombre impair avec de l’eau, ils ont creusé en largeur dans la tombe et ils ont dit : Ceci est la sounna de Adam pour ses enfants ». [Rapporté par al-Hâkim]

De même, dans le Hadith rapporté par Abu Huraya et que l’on retrouve dans les deux recueils authentiques, le Prophète a dit :

« Les devoirs du musulman envers son frère sont au nombre de 5 :
– Il doit répondre à son salam
– Le visiter lorsqu’il est malade
– Suivre ses funérailles
– Répondre à son invitation
– Invoquez pour lui lorsqu’il éternue (en lui disant raHimaka-Llâh) »


Il fait unanimité dans la communauté que suivre les funérailles comprend le fait de le laver, de l’envelopper dans son linceul, de l’enterrer et de prier sur lui.

Quant aux mérites du lavage funéraire, il est rapporté par Abû râfi’, que le prophète a dit :

« Celui qui lave un croyant et n’en dévoile rien, Allah lui pardonnera quarante fois. Celui qui aura creusé la tombe pour un croyant et l’y introduit, aura la même récompense que s’il l’avait abrité jusqu’au Jour de la Résurrection. Et celui qui l’aura mis dans un linceul, Allah le revêtira au Jour de la Résurrection d’habits de soie fine et de brocarts du Paradis. » [Rapporté par al-Hâkim]

Comment se déroule le lavage funéraire ?

Dans le célèbre Hadith relatif au lavage funéraire, que l’on trouve dans les deux recueils d’al-Bukhâri et de Muslim, MuHammad Ibnu Sirîn, nous rapporte que Um ‘ATiyyata al-AnSâriyya a dit :

L’envoyé d’Allâh vint à nous au moment de la mort de sa fille et dit : « Lavez-là trois fois ou faites le lavage mortuaire 3 ou 5 fois ou même plus, si vous voyez que cela est nécessaire, et ce en utilisant de l’eau avec du Jujubier (sidr). Et lors du dernier lavage, mettez-y du camphre (Kâfûr) – ou un peu de camphre – et lorsque vous aurez terminé appelez-moi ». Lorsque nous avons terminé, nous l’avons donc appelé et il nous a donné son Hiqwaah (peut être une sorte de Izar qui est collé à la peau qui est utilisé comme ceinture) puis il dit : « Enveloppez-là avec ».

De ce Hadith, les savants ont apporté nombres d’explications, parmi lesquelles :

Selon l’avis prépondérant, le lavage funéraire constitue un acte d’adoration conditionné par les mêmes règles que les lavages obligatoires et surérogatoires (grandes et petites ablutions). Par conséquent, comme pour toute adoration – en plus de l’intention – il convient de se conformer strictement aux textes scripturaires que sont le Quran et la Sunna, sans quoi le lavage ne peut être valide.

Les ablutions :

Comme pour les grandes ablutions du musulman vivant, les ablutions mineures (al-wudhû) qui précèdent sont recommandées lors du lavage du défunt, à la différence près qu’elles ne contiennent pas de garagisation (al-madhmadha) ni d’inhalation (al-istinshaq : le fait d’aspirer l’eau avec son nez et la rejeter) car l’eau ne doit pas rentrer dans sa bouche, ni dans ses narines selon la majorité des savants.

L’utilisation du jujubier (al-sidr) et du camphre (Kafûr):

L’eau est mélangée au sidr ou au Salsola (plantes qui aiment les milieux salés). S’il n’y en a pas, juste de l’eau fraîche.

Le défunt est dans un premier temps lavé avec de l’eau fraîche, puis, le second lavage se fait avec l’eau mélangée au jujubier (sidr). Pour finir, il verse du camphre (Kâfûr) dans l’eau fraîche avec laquelle il effectue le troisième lavage. C’est ainsi que le rapporte le grand compagnon Ibnu Mas’ud, c’est ainsi également que le rapporte Ibnu Sîrîn duquel le célèbre savant Ibnu ‘abdul-bar a dit qu’il était le plus savant sur le sujet parmi les tâbi’in (les successeurs des compagnons).

Le nombre de lavage à réaliser peut-être de trois, cinq ou sept. Et même plus si le besoin l’impose. A noter que l’ensemble des savants insiste sur le fait de ne pas gaspiller d’eau.

L’utilisation du parfum :

Il est recommandé d’utiliser du parfum, notamment le HanûT, le musc ou autre parfum agréable que l’on applique sur la tête du défunt, sur sa barbe et sur ce qui est possible du corps tout en insistant sur le front, les paumes de la main, les genoux et les pieds, qui sont les parties du corps touchant le sol lors de la prière. Ceci est valable pour l’homme comme pour la femme. Il est rapporté par Nâfi’ dans al muwaTTa de l’imam Mâlik qu’Ibnu ‘Umar a parfumé Sa’id ibnu Zayd, l’a porté puis est entré dans la mosquée sans avoir (re)fait ses ablutions.

Concernant celui qui lave :

Les avis divergent quant au fait que celui qui lave le défunt doive – ou pas – avoir fait les grandes ou les petites ablutions avant. Ainsi, certains compagnons du prophète disent que celui qui procède à un lavage funéraire doit avoir ses grandes ablutions (ghusl), d’autres compagnons sont d’avis que les ablutions mineures (al-wudhu) suffisent. L’avis majoritaire est que le fait de faire le ghusl ou le wudhu n’est pas obligatoire pour celui qui lave, tout comme il ne lui ait pas nécessaire de refaire les ablutions après le lavage du défunt s’il avait ses ablutions avant comme il a été rapporté dans le récit d’Ibnu ‘Umar cité précédemment. En effet, le prophète a dit dans une parole authentique rapporté par Ibnu ‘Abbas :

« Ne considérez pas vos morts comme impurs. Le croyant n’est pas une impureté lorsqu’il est vivant, ni lorsqu’il est mort »